C’ETAIT IL Y A 8 ANS. UNE TEMPETE DE NEIGE HISTORIQUE !
❄ Il y a 8 ans, une tempête de neige historique frappait le nord-ouest de la France avec des congères de 2 mètres de haut puis des gelées records !
La Basse-Normandie fût la région la plus touchée par cette épisode de neige exceptionnel. Le département de la Manche et de l’Orne ont eu le droit à une vigilance rouge !
Conflit de masses d’air remarquable
C’est un conflit de masses d’air exceptionnellement marqué qui a créé les conditions favorables à la circulation de la tempête de neige sur le nord-ouest de la France.
Durant la première partie du mois de mars 2013, une très importante coulée d’air polaire touchait le nord de l’Europe et la Russie, bien aidée par une pulsion anticyclonique sur l’Atlantique-nord et le Groenland ayant favorisé son décrochage. La circulation zonale (flux d’ouest) s’est alors retrouvée coupée et le contraste de masses d’air dans les parages de la France créait un contexte instable.
Une dépression s’est alors creusée au large de nos côtes atlantiques avant d’enfoncer très lentement sur la France durant les journées des lundi 11 et mardi 12 mars 2013. Avec un coeur dépressionnaire positionné sur le centre de l’hexagone, le sud baignait dans la douceur tandis que les régions du nord ont basculé dans l’air glacial sous l’influence de l’air continental. La zone neigeuse s’est formée au niveau de la zone de conflit.
La carte des masses d’air de la journée du 12 mars 2013 est particulièrement éloquente. Elle montre la présence de l’air doux sur le sud du pays, remontant jusqu’à la frontière allemande, tandis que l’air continental glacial plongeait sur le nord-ouest de la France avec des températures inférieures à -10°C à 850 hPa (vers 1500m), des niveaux très bas aussi tard dans la saison !
Au sol, c’est un spectaculaire contraste de températures qui était observé. Le tiers sud baignait dans une grande douceur avec 15 à 19°C mais cette douceur concernait aussi le tiers central du pays avec 11 à 14°C alors qu’il n’y avait aucun dégel au nord de la Seine et jusqu’à la Manche !
Le contraste thermique fut remarquable sur de courtes distances. En mi-journée, il faisait 11°C sur le bassin rennais et seulement 0°C sur les côtes nord de la Bretagne ! Ces grandes variations thermiques ont contribué à renforcer l’instabilité et l’intensité des précipitations avec un cordon neigeux très actif et stationnaire de la Bretagne à la Belgique.
Face à cet axe neigeux très actif et stationnaire durant 24 à 36 heures, les services de Météo France avaient activé pour la toute première fois l’alerte ROUGE à la neige et au verglas sur deux départements : la Manche et le Calvados. L’alerte orange s’étirait du Finistère jusqu’aux régions frontalières du nord, Île-de-France incluse. Pour ne rien arranger, les fortes chutes de neige étaient accompagnées de puissantes rafales (60-80 km/h), formant d’importantes congères.
C’est dans la Manche et le Calvados que les accumulations de neige furent les plus spectaculaires mais l’épisode neigeux fut également majeur du nord de la Bretagne jusqu’à la frontière belge.
Conformément à la prévision, les départements de la Manche et du Calvados sont les plus durement touchés par la tempête de neige. Un blizzard historique s’abat avec des intensités neigeuses remarquables couplées à un vent violent et glacial de secteur nord-est. Rapidement, les paysages deviennent sibériens et des congères records se forment.
Dans de nombreuses villes et villages, le vent violent cause des congères atteignant 1 voire 2 mètres de haut ! Par endroits, les véhicules sont littéralement ensevelis ! C’est notamment le cas dans le Cotentin, où de telles conditions sidèrent les habitants et paralysent l’économie durant plusieurs jours. Hors-congères, il tombe 20 à 40 cm en moyenne.
À Caen, la station mesure 22 centimètres mais les congères sont bien plus importantes. Le toit du parc des expositions ne résiste pas et s’effondre sous le poids de la neige. Sur la route, c’est la pagaille complète. Des milliers d’automobilistes se retrouvent bloqués. Certains dorment dans leurs véhicules, d’autres les abandonnent et reviennent les dégager le lendemain à grands coups de pelle.
Rien qu’en Basse-Normandie, ce sont 60.000 foyers qui se retrouvent privés d’électricité au plus fort de la tempête de neige et certains habitants doivent patienter plusieurs jours avant de retrouver la lumière et le chauffage.
Les chutes de neige abondantes avaient aussi concerné le nord de la Bretagne et des Pays dela Loire ainsi que les Hauts-de-France avec bien souvent 10 à 20 cm mais des congères dépassant localement le mètre, comme dans la région de Lille sur la photo ci-dessus. Toutes ces régions ont été également soumises à d’importantes perturbations avec de nombreux axes routiers rendus impraticables.
En journée du 12 mars 2013, l’air froid et la neige ont plongé sur l’Île-de-France avec des chutes de neige ayant rendu les conditions de circulation très difficiles à cause des températures constamment négatives tout au long de l’épisode. Paris s’est réveillée sous 5 à 10 cm intra-muros le 13 mars.
Le nord de la région Centre, situé à la frontière entre l’air doux et l’air froid, figurait aussi parmi les régions les plus durement touchées par les chutes de neige. Dans certains secteurs, il est tombé des cumuls remarquables de 30 à 40 centimètres, paralysant la circulation en matinée du 13 mars 2013 !
Un froid record après la neige
Une fois la tempête de neige évacuée, le ciel s’est dégagé sur les sols fortement enneigés et des records de froid pour un mois de mars ont été battus.
Des records de froid avaient déjà été battus en après-midi du 12 mars avec des valeurs maximales plafonnant à des niveaux historiquement bas pour un mois de mars. Sous la neige et le vent glacial, il n’avait pas fait plus de -3,1°C à Évreux, -2,6°C à Pontoise, -2,5°C à Rouen, -2,1°C à Deauville ou encore -1,1°C à Caen – du jamais vu aussi tard dans la saison !
Le lendemain matin, le ciel dégagé couplé à l’épaisse couche de neige présente au sol ont généré des gelées exceptionnelles pour la saison. Des records mensuels sont tombés ce 13 mars 2013 avec des minimales étant descendues jusqu’à -15°C dans les Yvelines, -14°C à Charleville-Mézières, -11,5°C à Saint-Quentin & Cambrai, -11°C à Évreux & Pontoise ou encore -10,5°C à Lille !
Article et photo sur https://www.meteo-paris.com/actualites/retour-sur-la-tempete-de-neige-de-mars-2013-sur-le-nord-ouest-de-la-france